Sports / Culture

David et Victoria dans «Beckham», le portrait émouvant d'un couple

Un documentaire Netflix jette un nouvel éclairage sur la relation entre le footballeur et la chanteuse.

Les débuts de leur histoire d'amour sont charmants. | Capture d'écran Fisher Stevens <a href="https://www.youtube.com/watch?v=nUVNbJMWi_c">via YouTube</a>
Les débuts de leur histoire d'amour sont charmants. | Capture d'écran Fisher Stevens via YouTube

Temps de lecture: 4 minutes

À la fin des années 1990 et au début des années 2000, David et Victoria Beckham comptaient parmi les personnalités les plus célèbres dans le monde.

Les journaux n'auraient pu inventer un couple plus séduisant pour le public britannique que celui formé par David Beckham, l'un des plus grands joueurs de football anglais, et Victoria Beckham (née Adams), membre de l'un des groups pop les plus aimés du Royaume-Uni, les Spice Girls. La Grande-Bretagne était leur pays et nous y habitions, pour un temps.

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Mais du fait de l'engouement mondial pour le foot et de l'installation ultérieure du couple aux États-Unis, les Britanniques ne sont plus les seuls à tout savoir sur eux –au fil des ans, leurs faits et gestes, personnels et professionnels, ont fait la une des journaux partout où il s'en imprime.

Un nouveau documentaire en quatre parties, Beckham, retrace la carrière de David Beckham et revient sur l'omniprésence des médias dans la vie du couple, en examinant ses effets sur deux individus plutôt que sur deux célébrités.

 

Ce documentaire a maints aspects réjouissants, en particulier pour celles et ceux d'entre nous qui se souviennent de la Grande-Bretagne d'il y a vingt ans. Leur total look violet flamboyant le jour de leur mariage, la grande période de la folie Beckham, quand les fans du Manchester United réclamaient à leurs parents la coupe de cheveux qu'il arborait à l'époque.

Il y a aussi, se jouant dans les vestiaires, le feuilleton des relations tumultueuses qu'a entretenues Beckham avec ses différents managers. Sans oublier l'émotion de découvrir que le réalisateur du documentaire, Fisher Stevens, interprétait Hugo dans Succession.

Les réalités prosaïques de leur relation au long cours

Ce que j'en retiendrai, pour ma part, c'est le portrait d'un couple qui se dessine. L'histoire de David et Victoria a commencé comme un conte de fée moderne. Une belle pop star et un beau footballeur se rencontrent et entament une relation amoureuse clandestine, en essayant d'échapper au regard des médias. Naturellement, le secret a la vie courte, et le documentaire montre que les médias leur ont fait payer leur affront, tandis que le public exerçait son voyeurisme ordinaire.

Dans un épisode, Victoria évoque un chant qu'entonnaient les supporters dans les stades quand David jouait: «Posh Spice se la prend dans le cul.» Elle en parle aujourd'hui avec détachement. Mais elle raconte qu'un jour, la femme assise à côté d'elle dans les tribunes s'est tournée vers elle, et, faute de trouver autre chose à dire, lui a offert un bonbon à la menthe.

Les débuts de leur histoire d'amour sont charmants. Les amis et la famille décrivent le couple passant la nuit au téléphone, David faisant le trajet Londres-Manchester, soit quatre heures de route, pour voir Victoria vingt minutes. Accaparés par leurs carrières respectives, séparés par les tournées et les entraînements, ils ont surmonté les obstacles. Ce qui m'émeut le plus cependant, ce sont les réalités prosaïques de leur relation au long cours.

Victoria avoue avec une franchise rafraîchissante qu'elle n'aime toujours pas le foot, même si elle aime voir David jouer. Ils se taquinent mutuellement; Victoria se moque de David parce qu'il se vexe qu'elle n'apprécie pas son côté maniaque, David se moque de Victoria parce qu'elle disait appartenir à la classe populaire dans sa jeunesse alors que son père avait une Rolls-Royce, et qu'il confie que c'est une «emmerdeuse» par moments.

Stevens leur permet aussi de se contredire l'un l'autre, vu qu'ils sont presque toujours interviewés séparément. David dit que Victoria s'est montrée compréhensive quand il a exprimé le soudain désir de quitter Los Angeles pour revenir en Europe, et immédiatement après, Victoria dit le contraire.

«Honnêtement, c'était tendu entre nous deux»

Le dernier épisode revient sur les infâmes (pour les Britanniques en tout cas) rumeurs qui ont circulé en 2004, tandis que David jouait pour le Real Madrid. Stevens, dont on entend la voix tout au long du documentaire, ne demande jamais ni à l'un ni à l'autre si ces rumeurs –selon lesquelles il aurait trompé Victoria avec son assistante personnelle de l'époque– étaient fondées. Cette omission laissera sur leur faim les spectateurs qui attendaient des révélations –même si, à mon avis, il est assez facile de lire entre les lignes.

Il est d'ailleurs plus intéressant d'apprendre comment ils ont tenu dans une période où l'infidélité présumée de David faisait la une des journaux, alors qu'ils avaient de jeunes enfants à préserver. Ou plutôt, de voir comme ils ont toujours du mal à évoquer tout ça. Tous deux affirment que le processus d'interview pour la série a été une sorte de thérapie.

«C'était la première fois que notre couple subissait une telle pression», déclare David. Quant à Victoria, elle avoue: «C'était comme si le monde était contre nous, et honnêtement, c'était tendu entre nous deux.» Ni l'un ni l'autre ne sait vraiment comment ils s'en sont sortis. Mais ils s'en sont sortis, concluent-ils, d'une manière ou d'une autre.

Tout cela ressemble plus à la trajectoire d'une relation longue qu'à une histoire enjolivée par les attachés de presse ou à la fiction du bonheur parfait. Leur histoire n'est pas celle de tout le monde. Les Beckham ont une fortune astronomique et une célébrité mondiale. Mais à leur manière, ils ont essuyé durant leurs vingt-quatre ans de mariage les mêmes orages que tous les couples d'une longévité comparable. Et ils ont pataugé, comme n'importe qui d'autre.

Les choses ont l'air d'aller bien maintenant –en tout cas devant la caméra. Dans les scènes où on voit les Beckham ensemble, ils donnent le sentiment, touchant et réconfortant, d'une complicité authentique. Dans le dernier épisode, ils dansent maladroitement, à l'occasion d'un barbecue familial, au son d'«Islands in the Stream».

Nous ne saurons jamais toute la vérité sur le couple Beckham, et c'est très bien ainsi. C'est leur affaire privée. Mais il est assez surprenant qu'un documentaire consacré à un footballeur parvienne à transmettre l'idée qu'un couple est un jeu d'équipe complexe, qui évolue. Parfois vous gagnez et parfois, vous perdez. En tout cas, la partie continue pour les Beckham.

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