Comme Julien Barthélémy de Stupeflip, l’Australien Kel Mason, frontman du quatuor garage punk GEE TEE, aime à se produire en live affublé d’une vieille cagoule moche. Mais la comparaison s’arrête là. Mason, originaire de la Gold Coast (région située à quelques encablures de Brisbane) mais désormais basé à Sydney, n’a de goût que pour le punk. Les amateurs du genre avaient déjà pu apprécier les talents de Kel Mason avec son autre groupe Draggs, dont le dernier disque était sorti en 2019. Mais c’est dès 2016, avec la sortir d’un premier single 3 titres que GEE TEE a fait son apparition. A un rythme stakhanoviste, Mason a enchaîné les disques, en publiant chaque année un E.P. ou un single de Gee Tee, ainsi qu’un premier album sans titre en 2018.
Si ces dernières années l’Australie n’a pas manqué de groupes punks bien bas du front comme The Chats, Mini Skirt, Amyl and the Sniffers, Stiff Richards, Ausmuteants et des dizaines d’autres, Gee Tee se démarque par un peu plus de subtilité, notamment grâce à l’apport mélodique du synthétiseur qui lui donnerait presque quelques accents pop. Comme chez R.M.F.C, le son très lo-fi apporte aussi ce charme supplémentaire propre aux productions artisanales, plus organiques, plus humaines que les punkeries habituelles. On sent aussi chez GEE TEE plus d’audace et de nuance dans l’écriture, soucieuse d’aller au-delà des riffs éculés et des simples gueulantes. Après tout, Kel Mason a toujours dit son goût pour les premiers disques de White Fence, qui se distinguaient eux aussi des gimmicks garage trop évidents et possédaient une vrai singularité. Quoiqu’il en soit, peut dire que le dernier album, Goodnight Neanderthal est assurément une vraie réussite.
La première chanson du LP – qui a donné son titre à l’album – donne l’impression que Joey Ramone et Jay Reatard ont ressuscité pour venir nous gratifier d’un collaboration inédite. Le disque continue sur les chapeaux de roue avec la très tendue et efficace I Hate Drinvin in the City, qu’on croirait elle aussi extraite d’un album non publié des Reatards. Si pour l’essentiel, les chansons du disques sont jouées pied au plancher et ne durent pas plus de deux minutes, on peut aussi apprécier des titres plus lents comme Grease Rot Chemical ou Rock Phone, sur lequel Mason s’autorise même l’utilisation d’une guitare acoustique. On note aussi que le natif de la Gold Coast s’amuse à faire varier sa manière de chanter sur certains titres comme Stuck Done, ce qui permet d’éviter la monotonie. Comme sur les disques de R.M.F.C. – projet de l’australien Buz Clatworthy – ou Snooper – formation de Nasvhille USA – on sent aussi planer sur le disque l’ombre de Devo, même si il s’agit plus d’un lointain air de famille que d’une filiation trop évidente. Le disque de dix titres, qui s’étend sur à peine 18 minutes, se clôt sur l’imparable tube 40K, dont on se demande comment il n’a pas figuré en tête de ce disque décidément diablement cool.
